Bien sûr que je connais ces mots et phrases cinglantes, qu’on vient nous jeter en pleine face dans l’espoir de nous faire prendre conscience de notre anormalité. Bien sûr que je sais ce que c’est qu’essayer d’expliquer à notre entourage notre personnalité intrigante, que d’autres voient à tort comme une fragilité, une faiblesse, une différence inadmissible. Bien sûr que je sais également la douleur qu’on peut ressentir lorsque nous nous sentons reclus, montrés du doigt, humiliés, moqués, rejetés par les autres. Je sais ce que c’est d’avaler à tout bout de champ des antidépresseurs et de consulter des psychologues, dans le but de les conforter dans leur analyse.
Je le sais, car je l’ai moi-même vécu.

La découverte récente de mon hypersensibilité est venue souffler un vent de consolation dans ma vie.
Elle est venue me conforter dans le fait que j’étais une personne tout à fait normale, comme une autre, à un détail près : je ressentais les choses avec plus de profondeur et d’authenticité. Ici, il n’est pas question de faux-semblants ou de faire fi d’être une personne que je ne suis pas, car je ne suis tout simplement pas capable de l’être !
Mais voilà ! Toutes ces années d’errance et de coups encaissés à tort ont laissé des traces, des marques indélébiles. Tant sur le corps physique que sur le corps psychologique, car vous savez où s’en vont les mots qu’on ne dit pas ? Ils s’en vont creuser des abîmes, des sillons, tout au fond de notre être ! Et puis vint le jour où elles refirent surface. Comme des épines logées dans notre chair, elles ne cessent de s’enfoncer et de nous faire souffrir. Ne dit-on pas que le passé nous rattrape toujours ?
Alors, me diriez-vous, comment est-ce que j’arrive à gérer ce flux d’émotions refoulées durant toutes ces années, tous ces non-dits et traumatismes ?
Il est vrai que j’ai eu la chance de découvrir très tôt ma capacité d’imaginer, de créer, de transmettre et de susciter des émotions à travers mon art. Ce dernier est donc vite devenu un moyen d’expression et de communication pour ceux qui en comprenaient le message. Au fur et à mesure que les années passaient, je m’enfermais un peu plus dans cette passion, jusqu’au jour où elle s’est transformée en thérapie. Une thérapie permettant de remplacer ces cachets, qui annihilaient petit à petit mon cerveau, faisant de mon corps un puits sans fond, recueil de médicaments et de souffrances inaudibles. Complètement déconnectée de moi-même, je me suis perdue. Tombée dans le gouffre d’une dépression chronique, je ne trouvais de consolation qu’en des pensées sombres.

Et puis il a fallu une rencontre. Une rencontre qui m’a redonné espoir. C’était l’année de mes vingt ans. J’étais complètement brisée, autant que mes rêves et mes aspirations. Vous connaissez ce sentiment de vide et de n’être plus que l’ombre de soi-même, de n’être rien du tout ? C’est ce que j’ai ressenti quand on m’a dit plus tôt que mon rêve pour lequel je me battais depuis des années n’était qu’illusoire ! Oui, je sais bien qu’on ne fait pas toujours ce qu’on veut dans la vie ! Et pourtant, une intuition folle me disait que j’étais à l’aube d’une rencontre qui changerait ma vie tout entière et ce pour toujours. Et ce fut cette personne.
Un regard échangé mêlé au son de sa voix, et une étrange sensation d’être cet autre pour qui mon cœur pourrait chavirer à tout moment. Il ne m’en fallut pas plus pour m’abandonner en lui. Il m’a enlacé de sa douceur, alors je me suis laissée porter par cette confiance qu’il consentait à faire transparaître. Beaucoup essayaient à tort de me faire croire qu’il s’agissait simplement d’un flirt, mais j’étais convaincue du contraire. Encore aujourd’hui son empreinte demeure indélébile et son image indéfectible. Vous savez, c’est cet amour qui ne vous promet rien, mais vous donne tout. C’est cet amour qui ne cherche ni rationalité, ni explication, ni excuse, ni conformité. C’est cet amour qui s’assoit un instant et prend un moment pour vous écouter, vous et votre histoire, vos blessures, vos failles, vos rêves. C’est cet amour qui veut juste comprendre sans vouloir juger, ni changer quoique ce soit, ni se moquer et encore moins se défaire de vous, mais vient extirper au plus profond de votre être cette force de vous relever, d’y croire encore et d’espérer. Un amour que je souhaite à tout le monde de rencontrer, car il vous donnera les pires cauchemars et les plus beaux rêves que vous puissiez connaître.

Ma reconstruction a démarré ici.
Plein de questions en tête, un espoir de trouver leurs réponses, un crayon à la main et un carnet dépourvu d’écriture pour y inscrire chaque information, chaque doute, chaque réflexion, chaque analyse qui pourraient me mener à une meilleure compréhension de mon être. Et puis, j’ai fait des rencontres, qui m’ont apporté autant de bien que de mal, mais m’ont permis d’ajouter une nouvelle pièce à mon puzzle pour me permettre quelques années plus tard d’arriver au terme : hypersensibilité !
Cependant, il me faudra encore quelques années pour accepter ce nouveau visage, qui était en train de se dessiner dans mon miroir, mais surtout d’arriver à trouver un sens à ma vie, parce qu’en étant hypersensible, il est bien question de cela !
Mais alors, me diriez-vous, comment ai-je réussi à guérir ?
Je n’ai pas réussi. Elles font désormais partie de moi, de mon histoire. Elles font de moi ce que je suis à présent. Non pas un être tombé dans la torpeur, l’errance et les lamentations. Du moins, je l’espère de tout cœur ! J’ai espoir, au contraire, de vous apporter sérénité, douceur, bienveillance, consolation, et peut-être aussi des réponses à vos potentielles questions. Or sachez qu’il faut du temps pour se reconstruire intérieurement, parce qu’il y a des blessures qu’on voit et d’autres pas. Et, peut-être, que ces dernières sont les plus difficiles à soulager.
Il faut se dire que le temps est notre meilleur allié et qu’il y aura inévitablement des moments de doutes et de confusions, des rechutes comme on les appelle. Toutes les blessures ne pourront peut-être pas être expliquées. Certaines viendront se loger dans votre corps quand d’autres préféreront s’enfuir à travers nos larmes. Les larmes sont bénéfiques, car elles permettent de se délester du trop-plein d’émotions en nous libérant de leur poids et de leur emprise. Et si vous avez un coup de blues, sachez que c’est normal, cela prouve que nous sommes des êtres humains, et que vous n’êtes pas seules ! Non ! Vous n’êtes pas seules. Rassurez-vous !
Et vous, dites-moi, quelle est votre histoire ?
J’ai hâte de vous lire. En attendant, je vous souhaite une belle journée !
Et merci de m’avoir lu !
Avec toute ma douceur,
Marion
Texte rédigé par Marion d’une éclosion de douceur,
Tous droits réservés.
Et souvenez-vous :
« Notre plus grande gloire n’est pas de ne pas tomber, mais de nous relever chaque fois. » – Confucius.